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De Nazareth: Peut-il sortir quelquechose de bon ?

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france    France : Sophie M                                                                                                                         


 Je suis orthophoniste et, très vite, j'ai senti que c'était là, dans mon travail, en particulier à travers mes relations avec mes patients, que j'avais à vivre l'Evangile. Au-delà de l'aspect « technique », la rééducation orthophonique est toujours une rencontre, une histoire partagée entre le patient, sa famille et moi. Comme Jésus s’est invité chez les hommes à Nazareth, je suis invitée à entrer dans la vie d'une famille, d'une façon très limitée bien sûr, mais nous avons une petite tranche de vie en commun.

                                                                                                              

pictogramme       La première rencontre est toujours une aventure : l'autre, le patient ou sa famille, vient demander de l'aide, que ce soit pour le petit bonhomme de 3 ans qui ne dit que quelques mots, pour le plus grand en échec scolaire, dyslexique ou autre, qui se sent rejeté, jugé, incapable, ou encore l'adulte qui, suite à un accident vasculaire cérébral, se retrouve brutalement sans pouvoir parler, ni lire, ni écrie, parfois sans comprendre son entourage.                                      
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Alors commence un chemin, ensemble, généralement pour plusieurs mois, parfois plusieurs années. Plus que jamais, je me sens au service de ces familles, non pour apporter la guérison (ce n'est jamais si simple que cela), mais pour chercher comment avancer en tenant compte de tout le vécu de la famille. Sur ce chemin, chacun doit pouvoir trouver et prendre sa place.

 

Au fur et à mesure des rencontres, je reçois souvent les confidences des événements heureux et malheureux que traverse le famille. Je deviens témoin de la vie de ces familles et, en quelque sorte, solidaire car tout ce qui les touche me touche aussi.

 

                                                                                        

Mon sentiment, en particulier devant les épreuves, est celui d'une grande humilité et d'un profond respect pour ces familles qui déploient parfois beaucoup d'énergie pour s'en sortir. Dans les cas les plus lourds, l'aide professionnelle que je peux apporter est dérisoire, mais je sens que « l’être avec » est important

  - Prendre le temps d'écouter, ou essayer de mettre des mots sur des expressions du visage ou des gestes, ou encore accepter les réactions de colère ou les larmes. Redonner espoir mais essayer de rester vraie, toujours.
   - Avec les enfants et les adolescents, c'est aussi être parmi
ceux qui les accompagnent et les aident à grandir en donnant des repères, en instaurant un climat de dialogue, en encourageant, en redonnant confiance.   

 

Toute cette vie de relation, c'est cela mon Nazareth.
Mais je ne saurais y demeurer s'il n'y avait pas la prière et l'union avec Jésus : la prière quotidienne dans laquelle je confie mes journées, les rencontres prévues et imprévues, tous ces visages, toutes ces histoires pour les mettre dans le cœur de Dieu.


La prière où je puise « le pain quotidien » pour être vraiment au service, à l'écoute, et pour toujours essayer de croire en l'autre.

 

   expostsacre

Il y a ces journées parfois écourtées pour pouvoir participer à l'Eucharistie et aux grands rassemblements de la vie paroissiale, ces pages barrées sur l'agenda pour vivre une journée de désert, des temps forts avec les jeunes collégiens de l’aumônerie, ou pour une semaine à Taizé. Autant de moments où je m'éloigne de ce monde pour un instant, comme Jésus qui n'oublie jamais Sa relation à Son Père : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »

(Luc 2, 49)    
D'UN NAZARETH A L'AUTRE
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     Le cheminement en fraternité, la grâce de ma première consécration m'ont amenée à envisager une autre façon de travailler: rapprocher mon activité professionnelle de mon domicile pour éviter la dispersion et me permettre d’aller vers des plus pauvres. Alors que je travaillais dans un cabinet de groupe dans un milieu rural, je me suis sentie poussée à créer un nouveau cabinet dans un quartier populaire de la ville où je réside.    

En étudiant la carte de la ville et des cabinets déjà existants, je me suis rendue à l'évidence qu'un quartier énorme était totalement dépourvu de cabinet d'orthophoniste malgré une forte concentration de population, en particulier de familles.                                                                                     

 Ce quartier, je le connaissais bien pour sa réputation : "quartier chaud", le quartier que les « Français de souche » désertaient devant la présence de plus en plus importante de population d'origine maghrébine. Je sentais bien qu'il y avait un enjeu en allant vers ce quartier pauvre où les besoins étaient importants : aller vers les gens plutôt que leur demander de se déplacer, être au milieu d'eux. Comme Charles de Foucauld qui a voulu rejoindre les plus rejetés, les plus éloignés.

Comme Jésus qui a choisi non pas Jérusalem, mais le petit village de Nazareth dont la réputation n'était pas très bonne non plus ! « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jean 1,46)


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A travers un même travail, il s'agit de m'adapter à des habitudes de vie différentes, à des centres d'intérêts différents.
La plupart des familles que je rencontre sont en situation de grande pauvreté, déchirées, vivant l'incertitude du lendemain, la violence parfois, ou encore des familles d'origine maghrébine pour lesquelles l'obstacle de la langue reste important.

Il me faut découvrir ce qui fait vraiment le quotidien de ces familles pour mieux les comprendre et pouvoir mieux les aider. Pour cela, j'essaie de me rendre présente à la vie du quartier (marché de Noël, repas au centre socio-culturel, mais aussi initiatives de la paroisse locale pour des rencontres interreligieuses).

 Ce sont autant d'occasions de rencontrer les patients en dehors du cabinet, et chaque fois que cela s'est produit, j'ai toujours perçu une réelle joie de la part de mes petits patients, et même parfois la fierté de pouvoir dire aux copains : « C'est mon orthophoniste ! ».                                                                                         

 Depuis toujours je traversais ce quartier en voiture, mais en ignorant tout de ce qui pouvait s'y vivre. Après deux années de présence au milieu de ces familles, je commence à mieux connaître leurs fragilités, leur détresse sociale et morale, mais aussi leur courage et leur sens de la solidarité. J'ai encore beaucoup à découvrir, mais chaque rencontre, au cabinet ou dans le quartier, est une occasion de rapprochement pour faire grandir entre nous la FRATERNITE.

 

                                     

 


La première rencontre est toujours une aventure : l'autre, le patient ou sa famille, vient demander de l'aide, que ce soit pour le petit bonhomme de trois ans qui ne dit que quelques mots, pour le plus grand en échec scolaire, dyslexique ou autre, qui se sent rejeté, jugé, incapable, ou encore l'adulte qui, suite à un accident vasculaire cérébral, se retrouve brutalement sans pouvoir parler, ni lire, ni écrire, parfois aussi sans comprendre son entourage.
A chaque fois, c'est la souffrance du patient, même si elle ne peut pas s'exprimer avec des mots, l'inquiétude de l'entourage, et la confiance qui m'est donnée presque toujours d'emblée, pour apporter « la solution » au problème.
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